Un protocole canadien des années 1970 structure encore aujourd’hui les pratiques d’accompagnement à l’orientation professionnelle dans plusieurs pays francophones. Certains établissements scolaires ignorent pourtant l’existence de ce modèle, tandis que des cabinets privés l’adaptent chaque année à de nouveaux publics.
L’absence de standardisation dans l’application de cette démarche interroge sur ses effets à long terme et ses possibilités d’évolution. Des organismes spécialisés proposent une formation dédiée à cette méthode, accessible tant aux professionnels qu’aux étudiants en quête d’outils concrets pour guider des parcours professionnels variés.
Pourquoi la méthode ADVP transforme l’accompagnement professionnel
Retour sur le Québec des années 1970, un terrain d’innovation fertile où naît la méthode ADVP, activation du développement vocationnel et personnel. Au cœur de cette initiative, trois chercheurs de l’université Laval : Denis Pelletier, Charles Bujold, Gilles Noiseux. Leur idée ? Refuser les schémas tout faits et replacer la personne au centre de son projet professionnel. Exit les recettes universelles, ici l’accompagnement se construit à partir du vécu et des aspirations propres à chacun.
Bien plus qu’une évaluation figée des compétences, l’ADVP implique le conseiller en insertion professionnelle dans une démarche active. Qu’il s’agisse de demandeurs d’emploi, d’étudiants ou de salariés en pleine transition, tous deviennent acteurs de leur parcours. Il ne s’agit pas de leur indiquer une voie mais de les accompagner dans une dynamique de découverte : valeurs, intérêts, compétences, puis élaboration d’un plan d’action. Loin d’un parcours balisé, c’est une exploration guidée qui s’offre à eux.
Voici ce que propose concrètement la méthode ADVP :
- Démarche structurée : chaque étape invite à explorer, confronter la réalité, et avancer vers des choix mûris.
- Outillage du conseiller : la méthode fournit des grilles d’analyse et des outils pour objectiver les situations, tout en respectant la singularité de chaque histoire.
- Adaptabilité : conçue pour des publics variés, du lycéen en quête de repères au cadre en repositionnement, elle répond à la diversité des trajectoires d’aujourd’hui.
En France, face à la transformation des métiers et à la pluralité des profils, l’approche trouve peu à peu sa place. Conseillers, psychologues du travail, acteurs de l’insertion y voient un outil pour accompagner l’exigence croissante de personnalisation. L’ADVP s’affirme alors comme un levier d’émancipation, questionnant la relation au travail et à l’emploi à l’heure où les parcours ne suivent plus une ligne droite mais dessinent des itinéraires singuliers.
Quels sont les principes et étapes clés de l’ADVP ?
L’ADVP s’appuie sur une démarche éducative expérientielle qui puise autant chez Carl Rogers que chez Piaget ou Vygotski. Son socle : le constructivisme et la psychologie humaniste. Ici, chaque individu construit son chemin à partir de ses expériences, en interaction avec son environnement. Et ce processus, loin de ressembler à une autoroute, avance par étapes. Quatre grandes phases jalonnent ce cheminement vers une orientation scolaire et professionnelle choisie. Les voici présentées de façon limpide :
- Exploration : il s’agit d’identifier ses centres d’intérêt, ses valeurs, ses représentations du monde du travail. Les outils pédagogiques stimulent ici l’expression et la réflexion sur soi.
- Cristallisation : cette étape permet de clarifier et organiser ses aspirations, hiérarchiser ses envies. Le dialogue, l’analyse partagée des expériences, la confrontation à des situations concrètes sont au cœur de la démarche.
- Spécification : le moment de formaliser un projet professionnel ou scolaire. On évalue la faisabilité, on repère ressources et contraintes, on commence à baliser le terrain.
- Réalisation : place à l’action ! L’accompagnement aide à passer du projet à la concrétisation : choix d’une formation, recherche d’un emploi, engagement dans une reconversion… selon chaque profil accompagné.
Le fameux trèfle chanceux illustre parfois ce modèle, symbolisant la conviction que le choix s’apprend et se travaille. Les outils mobilisés, qu’ils proviennent de la démarche éducative ou de la pédagogie expérientielle, s’adaptent à la diversité des publics : jeunes en orientation, adultes en reconversion, personnes en recherche d’emploi. Trois axes restent au centre de la méthode : la cohérence du parcours, l’autonomie dans la prise de décision, la valorisation de l’expérience professionnelle.
Professionnels et étudiants : vers qui se tourner pour se former ou se faire accompagner en ADVP
L’ADVP s’est implantée en France grâce à des praticiens formés au Québec, mais aussi à l’impulsion de figures comme Marie-Claude Mouillet, Claude Colin ou Sylvie Boursier. Aujourd’hui, les professionnels de l’orientation ou de l’insertion professionnelle disposent de plusieurs solutions pour enrichir leur pratique ou accompagner des publics en évolution.
Voici un aperçu des principaux organismes et dispositifs qui ont structuré une offre en France :
- ALETHEIA Formation, Le Patio Formation, Qui Plus Est et les CAFOC (centres académiques de formation continue) : ces structures proposent des formations continues ou des modules ciblés, accessibles à distance ou en présentiel.
- Ces parcours intègrent l’expérimentation d’outils pédagogiques, la réflexion sur la démarche éducative et l’analyse de mises en situation issues du terrain.
- Pour les étudiants en master d’orientation ou professionnels en reconversion, des séminaires d’initiation permettent de découvrir la démarche et ses spécificités, avec des supports pratiques ou des plateformes numériques pour faciliter l’appropriation.
Le réseau des conseillers en insertion professionnelle s’appuie sur ces ressources pour proposer des accompagnements adaptés à tous les âges et à tous les niveaux. Chacun, selon son parcours, peut ainsi trouver la modalité de formation qui lui correspond et la façon d’intégrer la méthode à sa pratique quotidienne.
À l’heure où les trajectoires s’entremêlent, la méthode ADVP continue de tracer sa voie, au croisement de l’écoute, de l’expérimentation et de la construction personnelle. Un modèle qui ne fige rien, mais invite à se réinventer à chaque étape.
