2,1 million : c’est le nombre de stages réalisés chaque année en France. Aucun autre chiffre ne cristallise autant de rêves, d’ambitions… et de zones grises. Parmi elles, la question des congés payés : un terrain miné d’idées reçues et de règles mouvantes, où chaque stagiaire avance à tâtons. Pourtant, la réponse ne tient ni du hasard, ni du privilège accordé à quelques chanceux.
Ce que dit la loi sur les congés des stagiaires
Le code de l’éducation trace une frontière claire autour du stagiaire en entreprise. Si l’on s’en tient aux articles L124-1 à L124-20, le stage n’ouvre pas aux mêmes droits qu’un contrat de travail. Ici, pas de congés payés garantis, même si la période passée en entreprise s’étire au-delà de deux mois. C’est la convention de stage qui fait loi, pas le code du travail, et la distinction n’est pas qu’une nuance juridique : elle pèse concrètement sur le quotidien des stagiaires.
À chaque stage, une convention tripartite lie le stagiaire, son organisme d’accueil et l’établissement d’enseignement. Ce texte, sorte de feuille de route, pose noir sur blanc la durée, les dates, et parfois les jours d’absence autorisés. Beaucoup d’écoles recommandent un peu de flexibilité, surtout pour les stages longs en période estivale, mais rien n’oblige l’entreprise à accorder ces jours, sauf si la convention le précise explicitement. Tout se joue donc à la signature, et la marge de manœuvre dépend largement de la politique interne.
Il existe toutefois des exceptions prévues par la loi : congé maternité, paternité et adoption ne sont pas négociables. Ces droits s’appliquent d’office, dans des conditions proches de celles des salariés. Pour les autres absences, tout dépendra de la convention et de la volonté de l’entreprise. Certaines branches professionnelles, via leur convention collective, offrent davantage de jours, mais cela reste rare et inégal selon les secteurs.
Voici ce qui découle concrètement de cette réglementation :
- Un stage, quelle que soit sa durée, ne donne pas accès de façon systématique à des congés payés.
- Seuls les congés mentionnés dans la convention de stage ou négociés avec l’entreprise ont force d’application.
- Les droits aux absences pour maternité, paternité ou adoption sont garantis par la loi, même pour un stagiaire.
Quels congés sont réellement accessibles pendant un stage ?
Pour un stagiaire, la question des congés relève d’un autre registre que pour les salariés. Pas de droits automatiques, mais des possibilités à négocier. Souvent, des jours d’absence, parfois non rémunérés, sont accordés pour des raisons pratiques ou par souci d’équité au sein de l’équipe. Encore faut-il que tout soit formalisé dans la convention de stage : à défaut, chaque demande reste soumise à l’appréciation de l’entreprise.
Le jeu se fait donc à l’échelle locale. Parfois, un accord interne prévoit un ou deux jours de congé par mois pour les stages de plus de deux mois. Pour les congés spéciaux, maternité, paternité, adoption, la législation s’applique sans exception, alignant le stagiaire sur le salarié. Les absences dues à une maladie ne suspendent pas d’office la gratification, sauf si elles s’éternisent : passé un certain seuil, la présence effective devient la nouvelle règle de calcul.
Pour clarifier la situation, voici les principaux points à retenir :
- La loi protège systématiquement les congés maternité, paternité et adoption.
- Toutes les autres autorisations d’absence sont à négocier et à faire apparaître dans la convention.
- En cas d’absence prolongée, la gratification est susceptible d’être revue à la baisse, car elle dépend du temps réellement passé en entreprise.
Certains avantages collectifs sont parfois ouverts aux stagiaires : accès au restaurant d’entreprise, titres-restaurants, voire certains services du comité d’entreprise, selon les règles de l’organisme d’accueil. Mais, là encore, la présence effective reste la règle d’or : toute absence non prévue pourra être déduite de la gratification versée, et mieux vaut clarifier ce point dès le début du stage.
Cas particuliers : absences, événements familiaux et situations exceptionnelles
La gestion des absences pendant un stage ne se résume pas à la simple addition de jours. Certaines situations réclament une adaptation sur-mesure. Les événements familiaux, décès, mariage, naissance, ouvrent souvent droit à des absences, sur le modèle des salariés, mais la mise en œuvre dépendra toujours de la politique de l’entreprise et de l’accord trouvé avec le tuteur.
Des impératifs universitaires, comme des examens ou concours, justifient aussi des absences. Il est alors recommandé d’anticiper et de mentionner ces dates dès la signature de la convention, pour éviter tout malentendu. Pour des entretiens d’embauche, la souplesse de l’entreprise jouera : une discussion ouverte avec le tuteur permet généralement de trouver un arrangement, parfois une demi-journée d’absence, parfois plus.
Quelques cas spécifiques sont à connaître :
- En cas d’accident du travail, le stagiaire bénéficie d’une protection sociale, à condition que l’organisme d’accueil ait bien fait la déclaration requise.
- L’accès aux activités sociales et culturelles varie selon les prérogatives du CSE : certains droits sont étendus aux stagiaires, d’autres non.
- Une absence longue durée peut entraîner la suspension totale ou partielle de la gratification, car elle remet en cause la notion de présence effective.
En pratique, la réussite d’un stage passe par une communication régulière avec le tuteur. Les impératifs de l’école, les exigences de l’entreprise et la vie personnelle doivent s’accorder. Chaque secteur cultive ses propres usages, mais la législation reste le point d’appui pour éviter les mauvaises surprises.
Bien préparer sa demande de congé en tant que stagiaire : conseils pratiques
Demander un congé en stage ne s’improvise pas. Tout part de la convention de stage : lisez attentivement les passages consacrés à la gestion des absences. Certaines conventions détaillent la procédure à suivre, le préavis à respecter, ou la nécessité d’obtenir un accord écrit du tuteur entreprise. Dès votre arrivée, posez les questions qui fâchent pour éviter tout flou et installer un climat de confiance.
La clarté dans l’échange avec le tuteur est votre meilleur allié. Adressez votre demande par écrit, en précisant les dates et les raisons de l’absence. Si besoin, joignez un justificatif : certificat médical, convocation à un examen, ou attestation pour un événement familial. Cette démarche formelle rassure et facilite le traitement de votre demande, tout en maintenant une relation professionnelle saine.
- Anticipez : faites votre demande au moins deux semaines à l’avance pour permettre à l’entreprise de s’organiser.
- Restez ouvert au dialogue avec le tuteur ou le service RH, afin d’ajuster l’emploi du temps si nécessaire.
- Vérifiez auprès de votre établissement d’enseignement que la période de congé n’entre pas en conflit avec le calendrier universitaire, et prévenez-les en cas de besoin.
La nature du stage influe aussi sur la flexibilité : plus le poste confié s’apparente à un emploi régulier, plus la gestion des absences s’aligne sur celle des salariés. Sinon, adaptez votre demande à la réalité du service, pour ne pas freiner la dynamique de l’équipe ni compromettre la continuité des missions.
Stage rime avec découverte… mais aussi avec adaptation. Les congés ne tombent pas du ciel : ils se négocient, se préparent, se vivent au fil du terrain. Celui qui anticipe et dialogue transforme la contrainte en expérience, et c’est souvent là, bien plus qu’un jour de repos, que se joue la réussite d’un stage.


